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Clôture virtuelle Parquer les vaches ou les génisses sans fils ni piquets

Expérimentation.Au cours des essais, il a suffi d’un ou deux jours pour que les animaux comprennent qu’ils ne devaient pas franchir la clôture virtuelle définie par l’éleveur. Chambagri PDL

Des essais menés en France montrent l’efficacité des colliers de clôtures virtuelles. L’éleveur définit sur son téléphone les limites du paddock. Malgré l’absence de fils et de piquets, les vaches ne sortent que très rarement de la zone définie.

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Et s’il suffisait, pour délimiter un paddock de pâturage, de dessiner sa forme sur l’écran de son smartphone ? Finis le plantage de piquets et l’installation de fils électriques ! Utopique ? Non, puisque c’est le principe même de la clôture virtuelle du fabricant norvégien Nofence. Le système est simple : chaque vache est équipée d’un collier spéci­fique doté d’un GPS. Une fois le troupeau dans la parcelle, l’éleveur trace sur son téléphone les contours de la zone qu’il souhaite lui attribuer. Dès qu’une vache s’approche de cette clôture invisible, un signal sonore retentit au niveau de son collier. Si elle poursuit sa route, elle reçoit alors un stimulus électrique pour l’inciter à faire demi-tour.

Précis, à quelques mètres près

Denis Guilloton de la ferme expérimentale Les Établières, en Vendée, a testé ce dispositif en 2020 et 2021 sur des lots de charolaises. Les résultats sont à la hauteur de ses attentes. « Nous avons commandé 25 colliers et comparé différents lots d’animaux : la moitié en clôture virtuelle, les autres dans des paddocks entourés d’un fil électrique, explique-t-il. Par sécurité, l’expérimentation s’est déroulée dans une grande parcelle bordée par une vraie clôture. Après un ou deux jours, la majorité des animaux avait compris le fonction­nement et très peu sont sortis du périmètre imposé. »

Si un animal franchit les limites malgré les avertissements sonores et les stimuli électriques, le collier se met en veille, l’objectif n’étant pas de l’affoler. L’éleveur reçoit alors un avertissement sur son téléphone et, grâce au GPS du collier, il peut savoir où se trouve le bovin. L’autonomie des colliers s’est également révélée satisfaisante : après deux mois de test, la plupart d’entre eux affichaient un niveau de charge de l’ordre de 80 %. Le fabricant a prévu de petits panneaux solaires qui rechargent la batterie en journée. «  Le GPS donne une position à un ou deux mètres environ avec une précision qui peut varier dans le temps, précise Denis Guilloton. Autour de l’abreuvoir, par exemple, il ne faut pas hésiter à englober une zone assez large pour être certains que le troupeau y accède facilement. »

Pas d’impact observé sur la croissance

Les essais sur troupeaux allaitants et sur génisses laitières n’ont pas dévoilé d’impact sur la croissance des animaux. En équipant les bovins d’un second collier mesurant l’activité, les expérimentations ont par ailleurs démontré que la clôture virtuelle ne générait pas de stress supplémentaire : les mêmes temps de déplacement, de pâturage, de repos ou de rumi­nation ont été relevés. « Nous n’avons pas encore pu tester ces colliers à grande échelle sur un troupeau laitier, mais ce concept est inté­ressant pour simplifier la gestion du pâturage tournant, estime Thomas­ Huneau, responsable de la ferme expérimentale de Derval, en Loire-Atlantique. Il est également facile d’imaginer de nouvelles fonctionnalités, comme un retour forcé vers la traite . »

Pour le moment, cette application n’est pas commercialisée en France, car elle est encore en phase de test. Le constructeur n’annonce pas non plus de tarif, mais il affirme qu’il proposera un prix en rapport avec les avantages fournis et la demande réelle du marché.

Denis Lehé

- Colliers connectés. Chaque collier dispose d’une batterie rechargeable et d’un GPS pour localiser l’animal.

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